En 2021, 590 000 ménages sont en situation de vulnérabilité énergétique vis‑à‑vis de leur logement en Auvergne-Rhône-Alpes, soit un ménage sur six.
Le phénomène touche davantage l’ouest de la région. La vulnérabilité énergétique résulte de plusieurs facteurs : niveau de vie, composition du ménage, isolation du logement, mode de chauffage ou encore conditions climatiques, souvent rigoureuses dans la région. Elle affecte plus fortement les personnes seules, âgées ou vivant sous le seuil de pauvreté. Les habitants résidant dans des logements anciens, souvent mal isolés, et ceux chauffés au fioul sont particulièrement concernés. Dans un contexte de hausse des prix de l’énergie, la rénovation des logements constitue un enjeu majeur pour réduire significativement et durablement la consommation énergétique des ménages.
Sommaire :
Pour comprendre
Pour réaliser des estimations de vulnérabilité énergétique à un niveau géographique fin, l’étude repose sur les diagnostics DPE de la base Ademe enregistrés entre juillet 2022 et juin 2023. Un travail d’appariement avec les logements de la base Fidéli 2022 a été effectué. Ces données, qui couvrent une partie seulement des résidences principales métropolitaines, ont été pondérées par calage, afin de retrouver les structures essentielles du parc immobilier au 1er janvier 2023. En disposant de l’ensemble des informations disponibles dans les diagnostics, ainsi que des revenus des ménages et des prix des énergies en 2021, on estime alors le taux de vulnérabilité du territoire.
Une modélisation linéaire permet d’estimer les effets sur la part de ménages vulnérables d’un territoire par rapport à un autre :
des écarts de revenu des ménages (revenu moyen des ménages et taux de pauvreté) ;
des différences de climat (pourcentages de logements relevant de chacune des huit catégories climatiques et des trois classes d’altitude, utilisées dans les calculs officiels des DPE) ;
des différences concernant le bâti, réparties en trois catégories : type de logement (appartement ou maison, surface, etc.), qualité de l’isolation (coefficient moyen de déperdition énergétique du logement, indice d’isolation moyen) et type de combustible.
Les différences non prises en compte par le modèle (effet résiduel) peuvent s’entendre comme relevant des spécificités du territoire.
Des simulations de changement de prix ou de rénovation sont réalisées. La hausse ou la baisse du nombre de ménages vulnérables s’entend à taux d’effort fixe (dépenses énergétiques supérieures ou égales à 9,2 % du revenu).
Définitions
Un ménage est dit en situation de vulnérabilité énergétique pour le logement si ses dépenses énergétiques conventionnelles liées à l’habitat rapportées à son revenu disponible (c’est-à-dire son taux d’effort énergétique pour le logement) sont supérieures à 9,2 %. Ce seuil correspond au double de la médiane des taux d’effort théoriques en France métropolitaine en 2021. Sont systématiquement considérés comme non vulnérables les ménages dont le niveau de vie dépasse le 3e quartile, c’est-à-dire ceux que leur niveau de vie place parmi les 25 % de ménages les plus aisés.
Les dépenses énergétiques conventionnelles/théoriques liées à l’habitat correspondent à un usage standard du logement occupé et portent sur cinq usages de l’énergie pour le logement : le chauffage, la production d’eau chaude sanitaire, le refroidissement, l’éclairage et le fonctionnement des auxiliaires de ventilation mécanique contrôlée. Le chauffage et l’eau chaude représentent en France, en moyenne, plus de 95 % des dépenses énergétiques considérées ici.
Le revenu disponible d’un ménage est le revenu à sa disposition pour consommer et épargner. Il comprend les revenus d’activité (y compris les indemnités de chômage), les retraites et pensions, les revenus du patrimoine (fonciers et financiers) et les autres prestations sociales perçues. La majeure partie des impôts directs en est déduite.
Le niveau de vie est égal au revenu disponible du ménage divisé par le nombre d’unités de consommation (UC). Il est donc identique pour tous les individus d’un même ménage.
Le seuil de pauvreté correspond à 60 % du niveau de vie médian national, soit 1 158 euros net par mois en 2021.
Le diagnostic de performance énergétique (DPE) renseigne sur la performance énergétique d’un logement en évaluant sa consommation d’énergie et ses émissions de gaz à effet de serre conventionnelles au m², pour un usage standard. L’étiquette A à G attribuée dépend des caractéristiques du bâti (dont les combustibles utilisés) et du climat local. L’établissement de ces diagnostics s’inscrit dans le cadre de la politique énergétique définie au niveau européen qui vise à réduire la consommation d’énergie des bâtiments.
Les passoires énergétiques sont les logements étiquetés F ou G lors du diagnostic de performance énergétique (DPE).
Une zone de montagne se caractérise par des handicaps liés à l’altitude, à la pente et/ou au climat, qui ont pour effet de restreindre de façon conséquente les possibilités d’utilisation des terres et d’augmenter de manière générale le coût de tous les travaux. Dans la région, près de 60 % des communes sont concernées.